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Page:Alain - Le Citoyen contre les pouvoirs, 1926.djvu/153

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LE CITOYEN CONTRE LES POUVOIRS

laquelle le système décimal devrait être dit faux. Puisque vous surmontez sans peine cette sottise-là, pensez qu’il y en a sans doute d’autres du même modèle, mais plus enveloppées. Quelque Sorbonnagre me tire ici par la manche, disant : « Il y a des faits de physique d’après lesquels la géométrie d’Euclide est fausse. » Je me méfie, ayant assez éprouvé déjà qu’il n’est pas une de nos conceptions qui soit à la merci d’une expérience ; non pas même le spiritisme ; mais plutôt nos conceptions sont comme des microscopes, qui montrent mieux l’expérience ; seulement il faut savoir s’en servir, ce qui n’arrivera jamais si l’on en change toutes les semaines. Que l’on soit communiste, monarchiste, catholique, ou ce que vous voudrez, on reconnaîtra l’héroïsme vrai en ce jeune homme que l’impatience d’avoir peur pousse à lever la main pour une mission dangereuse. Et chacun, dès qu’il sait se servir de ses lunettes accoutumées, conviendra que l’énergie d’un Maréchal, qui décide qu’une troupe tiendra à tout prix, n’est pas du tout du même genre, et ne mérite pas le même hommage.

Quand on dit que les gouvernantsNE PAS CHANGER LES
POUVOIRS, LES ASSAGIR.

Quand on dit que les gouvernants n’ont de puissance, selon la justice, que par le consentement des gouvernés, je crois qu’on manque l’idée. C’est remonter au déluge. De toute façon : car, d’un côté, c’est partir à la recherche d’une race pure et non croisée ; si un Irlandais a seul droit de gouverner les Irlandais, le plus pur Irlandais aura aussi le droit le plus clair ; et, d’un autre côté,

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