les espoirs seraient anéantis. L’intermédiaire ne peut rien prélever sur les choses, du moment qu’elles ne sont pas vendues, mais données. Une pluie d’or n’enrichirait pas notre pays davantage, mais tous ceux qui organisent ou administrent y gagneraient beaucoup. Et ceux-là savent parler. D’où tant d’opinions de belle apparence.
LES CONFÉRENCES.
À Gênes, les intérêts européens se composent ; du moins c’est d’après cette
idée que l’on essaie de lire l’événement. Pour moi,
j’essaie de le lire d’après cette autre idée que les
passions mènent tout. Car, si l’on considère les
intérêts, le refus de discuter sur certaines questions
est tout à fait ridicule ; discuter n’est pas céder ;
et le meilleur moyen de s’opposer à des ententes
secrètes est certainement de traduire les problèmes
au grand jour. Mais nos diplomates vivent dans
l’apparence et sauvent leur majesté ; ils veulent
ignorer ; ils considèrent que ce qui les offense est
scandaleux en soi. Semblables en cela à ces généraux
qui devraient se soucier peu d’une réponse déplaisante,
puisqu’ils ont tout pouvoir, mais qui s’en
irritent pourtant, ce qui fait voir que le vrai bonheur
du tyran est de régner sur les opinions.
Il faut convenir que nos académiciens ont du bonheur chez nous. Ils ont à la Chambre une sorte de Garde Rouge, couleur de guerre, qui les préserve d’entendre des vérités peu agréables. Si un homme de la gauche parlait de traités secrets, d’impérialisme ou de responsabilités, les hurlements couvriraient aussitôt sa voix. Je comprends que notre roi d’Aca-