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Page:Alain - Le Citoyen contre les pouvoirs, 1926.djvu/182

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LE CITOYEN CONTRE LES POUVOIRS

de déplaire. Par exemple, ainsi que les jugeurs sans passion l’ont remarqué, l’annulation des dettes entre deux pays également insolvables est sans aucune conséquence ; mais on pouvait en tirer un trait de polémique. Et ce traité, dans l’ensemble, réalise justement ce qui était défendu, et exprime ce qu’il est scandaleux d’entendre. C’est un effet de théâtre, et ce n’est rien de plus. Il est hors de doute que si nous avions envoyé à Gênes des représentants moins hérissés de Majesté, et mieux préparés à une discussion selon les règles ordinaires, les mêmes choses auraient été dites ou faites bien plus simplement, sans aucun scandale, selon la bonne humeur et selon la politesse. Un avoué vous dira que les procès se font par les passions. Et un notaire passe plus de temps à faire oublier un mot malheureux de belle-sœur à beau-frère, qu’à mettre en forme un arrangement presque toujours dicté par le bon sens, interprète de la nécessité.

« La plus grande folie, dit l’Américain, est de vouloir armerCE QUE PEUT
L’ARBITRE.

« La plus grande folie, dit l’Américain, est de vouloir armer les Nations contre la Guerre. Non, non. Le tribunal des nations prononce à la manière d’un arbitre. La première faute, et peut-être la pire, est de repousser d’avance le Jugement de l’arbitre et de prétendre décider soi-même de ses propres droits. Je suppose donc quelque puissante nation qui se mette ainsi en révolte ouverte contre le pouvoir moral ; pis encore une nation qui dans la paix même saisisse les biens d’un pays voisin et les administre par la méthode militaire. Enfin je suppose que cette nation

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