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Page:Alain - Le Citoyen contre les pouvoirs, 1926.djvu/92

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LE CITOYEN CONTRE LES POUVOIRS

maintenant comme en ce temps-là, constate et ne décide point. Un homme qui réunit des commissions et qui, de leurs pensées, si l’on peut dire, compose ses pensées. Un homme qui est la résultante de l’État sans visage. Mais laissons les récriminations. La responsabilité ici s’émiette. Nous cherchons un homme et nous trouvons des bureaux. Nous cherchons une décision et nous trouvons une Circulaire Recommandée. Où est donc le mal ? En ceci, que le formidable État, composé de militaires, de diplomates et d’administrateurs, n’a point de maître. Cet instrument aveugle marche seul. Le peuple puissance agit ; le peuple pensée n’est point représenté ; enfin le gouvernement n’est que la pointe extrême de l’engin mécanique. Cette situation du Bureaucrate régnant est nouvelle. Il faudrait un Gouvernement contre l’État ; nous en avons connu l’esquisse. Cherchez dans l’histoire de ces cinquante années quels hommes furent maudits par les plus éminents Bureaucrates, quels hommes furent redoutés, calomniés, proscrits avec l’approbation des Compétences militaires, diplomatiques et administratives. Maintenant étudiez ceux qui nous gouvernent, en leurs discours, en leur prudence, en leur constante faiblesse, en leurs abstentions, en leurs négatives vertus, vous comprendrez en quel sens ces Effets furent Causes.


Un jour que je parlais à unCE QUE LES SURVIVANTS
ONT À SE FAIRE PARDONNER.

Un jour que je parlais à un homme raisonnable de tous ces documents et raisonnements sur les origines de la guerre, qui

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