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Page:Alain - Les Dieux, 1934.djvu/48

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développerai amplement cette suite d’erreurs redressées et conservées ; et j’y trouverai encore un noyau de vérités. Mais il faut que le lecteur arrive à s’étonner de ce qui n’étonne point, et à découvrir ce qu’il sait trop pour y penser assez. Ainsi toutes les ruses sont rassemblées ici, et de plus avouées. Tel est le thème non seulement de ces réflexions préliminaires, mais de celles qui suivront. Car ce retard à demi volontaire est presque tout dans les actes de religion. Les hommes craignent de finir leurs pensées.

C’est quelque chose de découvrir des perceptions ambiguës et trompeuses ; c’est quelque chose aussi de montrer que l’erreur n’y est que néant. Mais cette déficience est trop peu. Il fallait premièrement apercevoir comme fond de tableau le véritable passé de tout homme et l’antiquité toute proche ; et là des erreurs pleines de consistance, et toujours vérifiées ; une expérience émouvante et toujours trompeuse ;