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Page:Alain - Les Dieux, 1934.djvu/84

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c’est le paraître au commandement et sous la condition d’un travail. Et ce qui fait que le monde est connu comme réel, ce sont ces liaisons entre le travail et les effets, ces lois, en d’autres termes, dont le simple spectateur ne peut s’assurer. C’est pourquoi Maine de Biran dit que la vue est idéaliste. C’est qu’il n’y a point de travail possible dans l’exploration par la vue ; je tourne la tête ; d’autres couleurs entrent, et tout le ciel sans plus de peine ; mais aussi on sait bien que la vue toute seule ne nous ferait connaître aucune chose. Notre philosophe a voulu seulement insister sur ceci que le toucher actif nous fait au contraire éprouver la réalité par l’effort. Ce n’est encore que la moitié de l’idée ; l’effort n’est pas un travail ; aussi le travail du sous-préfet était presque tout magique. Toujours était-il dans le bon chemin.

Laissant ce qu’il dit de précieux sur le géomètre aveugle, le seul profond, et sur le léger géomètre des choses vues, je veux