Aller au contenu

Page:Alain - Minerve ou de la Sagesse, 1939.djvu/133

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
LES QUATRE VERTUS

clair que ceux qui veulent nous conduire commencent par effrayer, fatiguer et décourager notre attention, par un feu d’artifice de brillantes et bruyantes apparences, par l’éloge, par l’injure, par le sarcasme, par la honte, par la menace. En effet, sous le nom de la vertu, c’est le jugement qui se trouve toujours visé. Il n’y a qu’une vertu, c’est l’attitude libre de l’esprit devant lui-même. C’est, pour bien dire, le respect de soi qui se montre sous les vertus. Un homme vertueux c’est un homme qui se sait, en quelque sorte, porteur d’esprit, et responsable de ce haut attribut. Aussi le sage ne croit que soi, et de soi que son esprit ; jusqu’à dire quelquefois que la vertu n’est rien.

— 129 —