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Page:Alain - Minerve ou de la Sagesse, 1939.djvu/148

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MINERVE OU DE LA SAGESSE

des droits réels de l’autre ; elle résulte seulement d’une sédition de l’avarice contre l’opinion que vous avez de ce que vous avez promis. En cette opinion vous pouvez errer ; affaire de police ; mais vous n’errez jamais quand vous appréciez la puissance du désir et le mouvement de révolte qui met en échec votre propre et intime gouvernement. Tout se passe entre moi et moi. Les autres n’en savent rien, et moi je n’en ignore rien.

Si l’on n’a pas compris Jean-Jacques, cela vient de ce que l’on n’a pas formé la notion de conscience comme étant le seul juge d’une lâcheté, d’une injustice. La conscience est infaillible, car elle est seule à pouvoir juger. Le confesseur dira : « Si votre conscience ne vous reproche rien, vous êtes en effet sans reproche. » Et c’est en ce sens qu’on dit qu’une bonne conscience ne craint aucun juge.

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