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Page:Alain - Minerve ou de la Sagesse, 1939.djvu/208

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MINERVE OU DE LA SAGESSE

que de fermer votre porte, car votre pensée est en vous et elle y est toute entrée. Toutefois je découvre encore une superstition dans ces métaphores ; car une pensée ne vit point sans vous, et d’une vie à elle propre ; c’est vous qui la formez ; si vous refusez de la former elle se dissout, ou, mieux, elle reste dissoute dans le chaos élémentaire. De la même manière un rayon de lune sur un rideau ne fait point un fantôme ; c’est vous qui inventez et qui supposez ; vous n’êtes point trompé ; vous vous trompez. Seulement il faut encore de la réflexion et surtout de la résolution pour être assuré que nos pensées, comme nos spectres, sont notre œuvre.

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