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Page:Alain - Minerve ou de la Sagesse, 1939.djvu/223

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LA VIE INTÉRIEURE

C’est le moment où, lâchant la partie vaine de lui-même, et toutes les choses qu’il fait semblant de croire précieuses, il se retrouve encore tout. Car, savoir que rien ne peut atteindre la volonté, c’est exactement vouloir ; et c’est le moins qu’un homme puisse penser. C’est à partir de là, comme Descartes a vu dans son poêle, que toutes les choses s’ordonnent, et toutes les personnes, et même Dieu. Tel est le sens du doute, qui est père de la certitude, et même, si l’on y fait attention, de la fidélité. Car qu’est-ce qu’une fidélité forcée ? On s’étonnera peut-être de découvrir que ce grand refus est ce qui rend vigueur à l’amour même. Telle est la vie intérieure, qui donne réalité à l’autre.

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