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Page:Alain - Onze Chapitres sur Platon, 1928.djvu/106

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flexion sur les ombres. Car rien n’est faux dans les ombres ; rien n’est faux ici que le jugement de l’homme. Il se présentera encore un autre mythe entièrement vrai, et qui ramènera en cette vie tout le jugement dernier, en cette vie la peine, et par la faute même. Deux fois nous aurons entendu Platon à ne s’y point tromper. C’est assez pour que nous ne nous trompions pas à ses autres images.

Réminiscence, vie antérieure, vie future, comment Platon l’entend-il ? Il l’entend, dirais-je, comme il entend que les âmes choisissent leur paquet, ou comme il entend que le captif s’évade. Je ne découvre point la géométrie ; je la retrouve, je la reconnais ; que signifie ? C’est qu’où je ne la voyais point, quand je l’entends je sais que je la voyais. Cela, que vous me prouvez, je le savais ; cela était déjà vrai, ici, devant moi. Le temps est aboli. Au reste le temps est aboli dès que l’on pense le temps ; avenir, présent, passé, tout est ensemble. Le passé ne peut rien être de passé. Ce qui a existé, c’est ce que je dois présupposer pour expliquer le