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Page:Alain - Onze Chapitres sur Platon, 1928.djvu/107

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présent, un état moins parfait et plus parfait à la fois. Ensemble l’âge d’or et la barbarie, le paradis et la chute. Si je retrouve la géométrie, c’est que je la savais ; mais, si je la retrouve, c’est que je l’avais perdue. Le temps passé signifie seulement une faute que je n’aurais pas dû commettre. Hors de ce débat contre moi-même, il n’y a pas de passé. Si les choses vieillissaient, elles seraient mortes depuis longtemps. Saisissez ici quelque chose de cette nature éternellement la même, par ce retour des saisons grandes et petites. Ce retour est l’image de l’éternel ; et c’est par là peut-être que l’on peut commencer à comprendre l’argument des contraires dans le Phédon, après l’avoir jugé impénétrable. Car c’est quand le soleil est en bas que l’on annonce qu’il sera en haut, mais encore bien mieux, en cette vie pensante, je ne trouve le temps et le changement que par ce passage du sommeil au réveil et du réveil au sommeil, qui est en toute pensée. Ainsi c’est bien la réminiscence qui prouve la vie antérieure, et c’est bien la vie antérieure qui prouve la vie future. Penser