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Page:Alain - Onze Chapitres sur Platon, 1928.djvu/123

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nias, généraux d’armée, hommes de main et d’entreprise. Enfin réunir les assises de la pensée. Et même il faudrait former de tous ces visages un seul visage, où la politesse, l’étonnement, l’impatience et l’ennui passent tour à tour comme des nuages sur des positions imprenables, pendant que Socrate, en sa quête de l’homme, et estimant pour vraies ces puissances, encore une fois cherche accord et commune pensée. Or, en ce qu’il dit, il y a des choses qui vont de soi, sur le bien et l’utile, car ce sont des mots que nul ne méprise ; aussi sur le courage, la tempérance, la sagesse ; car ces hommes d’expérience ne vivent nullement à la manière des bêtes, mais estiment au contraire très haut un régime d’élégance, de sécurité, et de force gouvernée, dont les statues des Dieux sont les justes images. Toutefois Socrate disant qu’il vaut mieux être juste que puissant va un peu loin, quoique cela soit bon à dire et à faire croire. Socrate disant qu’il vaut mieux être juste et passer pour injuste qu’au contraire être injuste et passer pour juste, Socrate cette fois va trop loin, car