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Page:Alain - Onze Chapitres sur Platon, 1928.djvu/137

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tice comme santé de l’âme est amplement exposée, ainsi que le vrai jugement de Minos, et le grand risque où nous sommes de n’être punis que par nous. Ou plutôt, c’est Platon lui-même qui mit l’ombre de Socrate en demeure, et l’écouta parler comme il avait agi vivant. Et tout est disposé, dans ce Dialogue illustre, selon la double prudence de Socrate et de son disciple, de façon à préparer l’esprit du lecteur attentif, de façon à détourner aussi les esprits frivoles. C’est pourquoi il ne servirait point de résumer La République ; mais on peut, en éclairant surtout les idées que le lecteur n’y trouve point d’abord, effacer l’impression vive et démesurée que font de vaines utopies, et dont même le prudent esprit d’Aristote, chose incroyable, a gardé l’invincible trace. Le fait est que les dix livres de La République sont l’épreuve de choix pour l’homme qui prétend savoir lire. Car tout y est, et d’abord que La République ne traite point de politique. Socrate s’avise seulement de ceci, qui est une idée inépuisable et presque insondable, que le corps social étant plus gros que l’individu et