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Page:Alain - Onze Chapitres sur Platon, 1928.djvu/145

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me Socrate dit, mais nous ne l’apercevons pas encore. Détournons-nous ; menons une autre chasse autour de l’État, chasse plus facile ; car, dans l’État, on y circule, on y voit presque tout à découvert. Ici encore une tête et une raison ; ce sont les rois, entendez les sages. Ici la multitude des désirs, qui sont les artisans de tous métiers. Ici le cœur, principe de l’action et de la colère, et ce sont les guerriers. Or, par le gouvernement des sages, trois vertus se montrent. La tempérance est la vertu propre aux artisans, dans un État bien gouverné ; car les sages ne permettront point que les monstrueux désirs créent des métiers à leur mesure. Le courage est la vertu propre aux guerriers ; car, si les rois sont prudents, cette force ne suivra point sa loi d’emportement ; mais les guerriers, semblables à des chiens, s’irriteront et s’apaiseront selon les desseins de leurs maîtres. Enfin la sagesse est la vertu propre des rois ; c’est dire qu’ils sauront distinguer la vraisemblance, la coutume, la vraie preuve, et enfin la source des preuves, ainsi qu’il a été ci-dessus expliqué. D’où, revenant à