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Page:Alain - Onze Chapitres sur Platon, 1928.djvu/146

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l’homme, autre société, plus fermée, moins aisée à parcourir et à bien connaître, nous définirons aisément la tempérance, le courage, et la sagesse en chaque homme. Mais, remarquez bien ceci, la justice nous échappe encore. Toutefois elle ne peut être longtemps cachée, car nous avons fait revue de tout. Et il reste que la justice, dans l’État comme dans l’homme, consiste dans un certain rapport, qui exprime que les trois ordres, ou les trois puissances, ont le poids et l’importance qui leur convient.

Harmonie, convenance, proportion, dirons-nous. Mais nous ne tenons pas encore l’idée. Il nous faut de nouveau parcourir l’État, et puis l’homme, afin de rechercher en quoi et par quoi cette harmonie et cette proportion sont souvent troublées. L’idée n’apparaîtra que si elle saisit quelque chose, et c’est redescendre dans la caverne. La perfection de l’État n’est pas difficile à concevoir ; car la partie qui est propre à gouverner c’est bien clairement celle qui sait, comme il apparaît sur le navire. Et autant que la vraie science réglerait, des guerriers le nom-