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Page:Alain - Onze Chapitres sur Platon, 1928.djvu/42

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ceux qui se sont risqués en ces chemins. Un Platonisme s’en va mourant, et Platon n’est pas né.

Là-dessus, que devons-nous comprendre, nous qui lisons ? Ces difficultés nous semblent lestement présentées, pour ne pas dire de peu de poids. Ce qui nous paraît difficile, c’est de soutenir en notre pensée ce monde des formes séparées, ce monde de modèles qui doit ressembler à notre monde, le refléter jusqu’au détail, donc engendrer en lui-même éternellement, (mais comment possible ?) jusqu’aux changements insaisissables, jusqu’aux choses éphémères et de peu que nous voyons ici-bas. Car enfin, il faut bien que ce monde des idées soit la vérité du nôtre. Et notre objection n’est pas : « Comment se joindra-t-il au nôtre » Mais plutôt : « Comment se distinguera-t-il du nôtre » Ajoutons à cela que s’il s’en distingue quoiqu’il y ressemble, l’idée même de ce rapport entre les deux mondes formera un troisième monde encore, égal à ces deux, mais plus riche qu’eux de leur différence. Parménide annonce à Socrate bien