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Page:Alain - Onze Chapitres sur Platon, 1928.djvu/43

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d’autres difficultés que celles qu’il énumère comme en courant. C’est donc à nous d’errer ici, chacun à notre manière, en ce Platonisme faux que l’on ne peut tuer. Il est bien plaisant de remarquer que c’est Platon lui-même qui nous avertit, et qui nous montre, en ce grand préambule, quelle est l’erreur que nous devons premièrement secouer de nous, si nous voulons savoir plus avant. Mais quelle erreur ?

En Platon la réponse se trouve toujours, et fort proche de la question, mais toujours aussi sans lien avec la question. Cet auteur sans cesse se délie, imitant de Socrate ces digressions, ces ruptures, ces fuites, ces soudains changements de prise qui contrastent si fort, en tous les Dialogues, avec la suite serrée des demandes et des réponses. L’avertissement se trouve au commencement de l’entretien, lorsque Parménide demande à Socrate, si curieux du bien en soi et de la vertu en soi, s’il croit qu’il y ait une idée aussi, une idée éternelle, de l’homme, du feu, de l’eau. Et quant aux choses viles, comme cheveu, boue et crasse, qu’il y en ait idée