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Page:Alain - Onze Chapitres sur Platon, 1928.djvu/76

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cette planète à peu près circulaire autour du soleil. Toutefois ce mouvement, dont la première apparence est comme l’ombre ou la projection, est lui-même en quelque sorte illisible, tant que nous ne savons pas y retrouver des mouvements plus simples, dont nous sachions compter la vitesse. Étrange condition que la nôtre ! Nous ne connaissons que des apparences, et l’une n’est pas plus vraie que l’autre ; mais, si nous comprenons ce qu’est cette chose qui apparaît, alors par elle, quoiqu’elle n’apparaisse jamais, toutes les apparences sont vraies. Soit un cube de bois. Que je le voie ou que je le touche, on peut dire que j’en prends une vue, ou que je le saisis par un côté. Il y a des milliers d’aspects différents d’un même cube pour les yeux, et aucun n’est cube. Il n’y a point de centre d’où je puisse voir le cube en sa vérité. Mais le discours permet de construire le cube en sa vérité, d’où j’explique ensuite aisément toutes ces apparences, et même je prouve qu’elles devaient apparaître comme elles font. Tout est faux d’abord et j’accuse Dieu ; mais finale-