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Page:Alain - Onze Chapitres sur Platon, 1928.djvu/78

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si l’on veut comprendre tout à fait la célèbre allégorie de la caverne. Retenons l’exemple facile du cube, de ce cube que nul œil n’a vu et ne verra jamais comme il est, mais par qui seulement l’œil peut voir un cube, c’est-à-dire le reconnaître sous ses diverses apparences. Et disons encore que, si je vois un cube, et si je comprends ce que je vois, il n’y a pas ici deux mondes, ni deux vies ; mais c’est un seul monde et une seule vie. Le vrai cube n’est ni loin ni près ni ailleurs ; mais c’est lui qui a toujours fait que ce monde visible est vrai et fut toujours vrai,

Ouvrage pur d’une éternelle cause.

Ces remarques préliminaires font comprendre ce que c’est qu’erreur. Platon se plaît à montrer, dans Le Sophiste et dans Le Théétète, que nul ne peut penser le faux, puisque le faux n’est rien. En ces deux dialogues, comme en tous, il ne se presse pas de conclure ; et l’on peut même remarquer que cette difficulté ne l’inquiète guère. C’est que toutes les touches sont indirectes, en ces