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Page:Alain - Système des Beaux-Arts.djvu/211

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CHAPITRE IV

DES SIGNES

Les Monuments sont les premiers écrits, car l’écriture n’est qu’un signe durable. Et ce langage, comme l’autre, est né sans qu’on y pensât. L’idée d’accumuler des pierres sur une tombe, précaution contre les bêtes, est bien naturelle ; telle fut la première épitaphe, et les artifices qui ont suivi n’en ont point changé la forme générale. Seulement, après avoir lu ces signes naturels, on a voulu les faire plus visibles et plus frappants, ce qui devait conduire au dôme, à la pyramide, au cône. Et sans doute le rapport de la hauteur à la base, dans un édifice bien équilibré, rappelle toujours les premiers tombeaux. Ce genre de signe frappe plus par sa masse que par sa hauteur, comme il est visible dans les cathédrales qui, vues de loin, ont pour base toute la ville ; on peut voir dans Amiens, dans Bourges, dans Soissons aussi, mais moins frappant, ce juste rapport entre la forme de la ville et celle de la cathédrale. Et ce signe de pierre est bien expressif quand on l’aperçoit à travers les feuillages ; cette masse qui arrête la lumière est mieux vue qu’une flèche ambitieuse.

La croix est un tout autre signe, et c’est peut-être le signe par excellence, comme on a pu voir en ces tristes temps par les croix de bois hautes à peine