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Page:Alanic - Les Roses refleurissent.pdf/296

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Mais Vincent Marcenat observait la contenance du poète, et près de l’oreille d’Estelle, il murmura :

— Je croyais que ce monsieur connaissait votre frère. Ils parlaient ensemble sur le Remblai, et ici ils paraissent s’ignorer.

Un peu de rougeur aux pommettes, la jeune femme répliqua, du bout des lèvres :

— Ils avaient entrepris en commun une œuvre dont monsieur… Jonchère n’acheva pas le poème. Adrien lui garde rancune de ce désappointement, et j’ai supposé, à leurs attitudes, tantôt, qu’il lui en faisait querelle.

Malhabile à la duplicité, Estelle laissait deviner l’effort que lui coûtait cette explication, plausible en somme. À ce point, Mlle Laguépie, engagée dans une conversation mezzo-voce avec Adrien, et comme emportée par son sujet, éleva son soprano aigu :

— Vous aurez beau dire, c’est doublement dommage. D’abord, de voir deux bons amis brouillés ; ensuite, de laisser à vau-l’eau un projet si passionnant. C’était une si jolie inspiration de représenter l’histoire de Mélusine à Lusignan ! Mais les choses peuvent et doivent se rajuster. Aussi bien, vous en mourez d’envie, l’un et l’autre.

— Je vous demande pardon de vous contredire, mademoiselle, rétorquait Adrien, presque bourru.