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Page:Alexis - La Fin de Lucie Pellegrin, etc, 1880.djvu/197

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LES FEMMES DU PÈRE LEFÈVRE.

s’il y avait eu entente préalable, le Durand devenait désert.

Sur les allées du Nord et du Midi, c’était un double courant d’individus prenant tous la même direction. Des files de huit ou dix se tenant par le bras, occupaient la largeur de la chaussée. D’autres Coqs allaient deux par deux. Certains, pour être mieux vus, les crânes, marchaient seuls, chapeau sur l’oreille, faisant le moulinet avec leur canne. Il y en avait en béret bleu à flot rouge, en béret blanc à flot bleu. Et les passants de se retourner, inquiets. Des servantes qui revenaient de puiser de l’eau à la fontaine du Bon-Grand-Homme, déposaient un moment leur cruche, regardaient. Des têtes se mettaient aux fenêtres.

À la sortie du Mail, dans l’avenue du Chemin de fer, les deux courants fondus en un, accrus de gamins, de curieux, de désœuvrés, étaient devenus une foule, qui envahissait bientôt la gare, finissait par venir se tasser le long de la balustrade protégeant la voie.

Une cloche avait sonné. Le train était signalé. À ce moment, sans qu’on sût d’où ni comment, la nouvelle se répandait toute seule :

— Elles arrivent…

Cette fois, c’était sûr ! Courcier et Jéror, qui étaient allés rejoindre M. Lefèvre, l’avaient écrit ! Il y en avait tout un wagon, des blondes, des brunes et des carottes, quelques-unes superbes !…