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Page:Alexis - La Fin de Lucie Pellegrin, etc, 1880.djvu/198

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LES FEMMES DU PÈRE LEFÈVRE.

Un coup de sifflet ! Voilà que le train entrait en gare. Et les moins crédules éprouvaient quelque chose. Tout cœur de Coq battait plus fort au tam-tam des plaques tournantes secouées par la locomotive. Les roues ralenties n’avaient pas cessé de tourner, que des voix qui s’efforçaient d’être burlesques appelaient des noms imaginaires : « Aspasie ! Georgette ! Célestine ! Paquita ! Dolorès !… » Et des mouchoirs blancs s’agitaient. Des bérets volaient en l’air. Quelques mains envoyaient des baisers.

Puis, chaque fois, quand les rares voyageurs, stupéfaits de cette réception, étaient descendus, là, bien tous : pas de M. Lefèvre ! Par les portières ouvertes, un dernier coup d’œil au fond des wagons vides : rien que les banquettes ! Ni Georgette, ni Dolorès ! Alors, en remontant l’avenue du Chemin de fer, ceux qui ne veulent jamais s’avouer à court de renseignements :

— Moi, je le savais… Elles n’arrivent qu’à l’autre train.

Et l’on se garait pour laisser passer le petit omnibus jaune-paille de l’Hôtel de Paris, rentrant en ville au pas, sans voyageurs, quelquefois avec une ou deux malles.

Elles n’arrivaient pas davantage par l’autre train, ni par l’autre encore. Seulement, cette fois, la nuit tombait. Tout en haut de la toiture ardoisée de la gare, le cadran de l’horloge était allumé. L’omnibus de l’Hôtel de Paris se voyait de loin avec ses