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Page:Alexis - La Fin de Lucie Pellegrin, etc, 1880.djvu/287

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JOURNAL DE MONSIEUR MURE.

« fille ! » Oui, elle devait être bien tranquillement à l’Hôtel de la plage, avec M. de Vandeuilles, croyant son père plein de vie et de santé ! Je savais qu’elle était femme à ne pas verser une larme, à ne pas prononcer un mot, à sauter dans le premier train venu, et, après un mortel voyage de dix-neuf heures, à arriver l’œil sec mais entouré d’un effrayant cercle bleu, et à dire : « Me voilà ! — Mais maintenant, c’est inutile. — Je le sais, je voulais tout de même venir ! » — Aussi, devinant tout et voulant tout conjurer, j’avais télégraphié à M. de Vandeuilles, — que je ne connais nullement, — de supprimer mes premières dépêches à Hélène, de ne lui annoncer qu’avec précaution la fatale nouvelle, enfin, de ne lui remettre qu’après l’y avoir suffisamment préparée, une interminable lettre de moi, où je racontais tout à Hélène avec beaucoup de détails ; où je la faisais assister longuement aux derniers mois de l’existence de son père, à la maladie, à l’enterrement ; où je la suppliais, enfin, de ne pas arriver, maintenant que tout était consommé, que chacun la croyait dangereusement malade, et que j’étais là, moi, pour la remplacer, pour exécuter ses intentions, pour régler ses affaires et surveiller ses intérêts de tout genre. Deux jours après, M. de Vandeuilles m’ôtait un grand poids, en m’accusant réception de ma dépêche, et de ma lettre parvenues à temps.

Enfin, d’elle, au bout d’une semaine, ce billet :

« Merci de tout ce que vous avez fait… Vous êtes un