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Page:Alexis - La Fin de Lucie Pellegrin, etc, 1880.djvu/329

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JOURNAL DE MONSIEUR MURE.

— Comment ! s’écria Philippe étonné, déjà elle ?

Il n’était pas dix heures…

— La pluie l’aura fait rentrer…

Puis, tout à coup, portant les mains au front :

— Et moi qui ne lui ai pas monté de serviettes, ni sa carafe !…

Il me quitta et descendit en courant.

Ainsi, Hélène sort tous les jours à la même heure : il faut que je sache où elle va ! Ce soir, je la suivrai.


Même jour, six heures du soir.

Elle dîne. J’entends un bruit de fourchette contre une assiette… Depuis sept mois, matin et soir, elle prend ainsi ses repas dans sa chambre, seule… Elle se verse à boire… Quelle vie ! Pas une main à presser, pas une oreille où verser une confidence. Que doit-il se passer en elle ? Quel travail lent ont dû faire le temps et l’isolement ! Qui sait si elle ne regrette rien du passé, si elle pense quelquefois à X…, à celles qui jalousaient sa distinction et sa beauté, à son père qu’elle n’a jamais revu, à moi ?… N’a-t-elle jamais été sur le point de m’écrire ?… Voilà son repas achevé. Philippe, qu’elle a sonné, emporte la vaisselle.

Sept heures.

Elle vient d’ouvrir sa fenêtre. Par un petit trou fait à mon rideau avec une épingle, j’ai vu un peu de ses cheveux. Elle s’est accoudée et elle regarde la Cité-