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Page:Alexis - La Fin de Lucie Pellegrin, etc, 1880.djvu/353

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JOURNAL DE MONSIEUR MURE.

Et la garniture tuyautée de sa coiffe éclatante de blancheur semblait se hérisser d’étonnement.

— Oui, Nanon, dans ma chambre…

— Ah ! bien ! il paraît que monsieur compte se soigner beaucoup, cet hiver.

Et toute sa figure, parcheminée et ridée, souriait de malice. Puis, se baissant, leste et vive, la taille encore souple et élégante comme celle d’une jeune fille, Nanon a relevé le tablier de la cheminée. Et, tout en repoussant les vieilles cendres avec la pelle :

— Voyons, monsieur, ce grand dîner d’hier ? cette soirée ?… Ça a-t-il marché comme vous avez voulu ?…

— Oui, Nanon.

— Beaucoup de monde ?

— Toute la ville.

— Madame de Lancy avait une belle robe ?

— De Paris… et de chez Worth encore !… rapportée de leur voyage à l’Exposition.

— Et la longue madame Jauffret ?… Pas trop triste des pertes de jeu de son mari, du chalet revendu à l’ancien propriétaire ?

— Au contraire… engraissée ! mais elle n’a plus ses diamants.

— Et la marquise de N. N… ? et la femme du nouveau procureur général ?… Et…

— Bavarde de Nanon, veux-tu te dépêcher !

— Là, monsieur, j’ai fini… Tenez ! je frotte l’allumette, ça va brûler comme de l’amadou, vous allez pouvoir vous habiller à la chaleur, devant un bon