Aller au contenu

Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 10.2.djvu/376

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
2045
2046
MODERNISME, CONCLUSION


moins inspirées par Ern. Buonaiuti, qui multipliait lui-même les publications de même tendance. Après diverses censures au cours des années 1921, 1924 et 1925, ce dernier champion du modernisme finit par être lui-même frappé d’excommunication majeure le 25 janvier 1926.

Il ne s’agissait là que de tardives survivances. Depuis longtemps, l’ensemble de l’opinion catholique se montre inattentive, non seulement aux subtiles sollicitations du modernisme, mais aux préoccupations intellectuelles dont celui-ci était né. Après les censures de Pie X, qui, les premières, rompirent le charme et découvrirent le danger, ce résultat est dû pour une bonne part aux événements de la guerre, qui détournèrent les intelligences vers un autre genre de questions. Le blâme adressé par Benoît XV, dès son avènement, aux excès de l’intégrisme et les récentes condamnations portées par Pie XI contre V Action Française, ont également contribué à rétablir un équilibre qui ne peut manquer d'être favorable à la pacification des esprits et des cœurs.

Conclusion. — Voilà pourquoi il semble permis de dire sans témérité que la phase du modernisme aigu est maintenant close, et qu’une nouvelle poussée dans ce sens n’est guère conforme aux vraisemblances de l’histoire. Consulter L. de Grandmaison, Une nouvelle crise moderniste est-elle possible ? dans Éludes, 20 septembre 1923, t. clxxvi, p. C41-657. Quand elles ne signifient pas seulement un appel à ce légitime progrès qui fut et sera toujours dans la tradition de l'Église, les prédictions contraires des modernistes impénitents d’hier ou d’aujourd’hui sont trop intéressées, pour être prises au sérieux ou trop profondément révolutionnaires pour avoir la moindre chance de s’accomplir.

Du modernisme il ne subsiste guère en ce moment, au regard de l’observateur, que le souvenir plus ou moins obscurci d’une crise doctrinale depuis longtemps conjurée. Seuls les documents ecclésiastiques auxquels elle donna naissance, en lui assurant une place dans les cadres de l’enseignement théologique, la rappellent à l’attention distraite des nouvelles générations.

Il reste néanmoins que le mouvement moderniste a pu se produire, troubler l’opinion catholique pendant les premières années du siècle, déterminer un courant qui menaça les œuvres vives du christianisme traditionnel, et découvrir ou causer la ruine de la foi dans un certain nombre d'âmes. Un fait aussi grave ne peut pas ne pas comporter quelques leçons.

Sans doute faut-il tenir grand compte des facteurs accidentels qui, en égarant la bonne foi de plusieurs croyants sincères, contribuèrent à développer une crise dont le germe réel était ailleurs. A cet égard, l’intervention énergique de Pie X eut tôt fait de ramener l’ordre, et rien ne laisse prévoir que le fruit en doive être perdu de longtemps. Mais, dans son principe essentiel, le modernisme est né du besoin d’adapter la doctrine de l'Église aux conditions nouvelles que les résultats de la critique imposent désormais aux intelligences cultivées. C’est la forme actuelle que la philosophie religieuse, l’exégèse biblique et l’histoire des dogmes donnent au vieux problème toujours renaissant de l’accord entre la raison et la fui.

En condamnant les erreurs extrêmes du modernisme, le décret Lamentabili et l’encyclique Pascendi ont marqué pour l’avenir les points limites qu’un catholique ne saurait dépasser. Mais le désaveu officiellement infligé à des solutions notoirement unestes, entraîne par lui-même l’obligation de leur en substituer une plus adéquate. Aux philosophes, historiens et théologiens catholiques, incombe maintenant cette tâche dans leur domaine respectif, si,

non contents de réfuter le modernisme, ils ont à cœur d’en prévenir efficacement le retour.

Une littérature considérable s’est déjà développée autour du modernisme, dont on ne peut signaler ici cpie les produits les plus utiles ou les plus saillants.

I. Sources.

D’ordre doctrinal.

Pour connaître les

doctrines du modernisme, le décret Lamentabili et l’encyclique Pascendi sont le point de départ tout indiqué. Texte complet dans les actes de Pie X, ainsi que dans A. Vermeersch, De modernismo, Bruges et Paris, 1910 ; les parties doctrinales en sont reproduites dans Denzinger-Bannwart, Enchiridion, n. 2001-2065, 2075-2109. On les éclairera par les publications antérieures d’A. Loisy, de G. Tyrrell et autres, relevées en leur place au cours de cet article, puis par les divers manifestes qui ont suivi la condamnation du modernisme : A Loisy, Simples réflexions sur le décrit du Saint-Office « Lamentabili sane exitu » et sur l’encyclique « Pascendi dominici gregis >, Cefl’onds, 1908 ; Catholici, Lendemains d’encyclique, Paris, 1908 ; Il programma dei modernisa, Rome, 1907 ; G. Tyrrell, Mediœvalism, Londres, 1908 ; Christianity ut the cross-roads (œuvre posthume), Londres, 1909. Ces divers ouvrages étrangers ont été, dès l'époque, tous traduits en français.

A titre comparatif, on consultera les œuvres les plus caractéristiques du modernisme protestant : Aug. Sabatier, Esquisse d’une philosophie de la religion d’après la psychologie et l’histoire, Paris, 1897 ; Les religions de l’autorité et la religion de l’esprit (œuvre posthume), Paris, 1904 ; Ad. Ilarnack, Das Wesen des Christentums, Leipzig, 1900, trad. fr., Paris, 1902 et 1904 ; R.-J. Campbell, The new theology, Londres, 1907, trad. fr., Paris, 1909 ; IL D. A. Major, English modernism. Ils origin, methods, aims, Cambridge, 1927.

D’ordre biographique.

Sur ces doctrines abstraites

le témoignage des personnalités, plus ou moins mêlées au mouvement, jette le complément d’un jour concret.

1. Témoins du dedans.

A. Loisy, Quelques lettres sur des questions actuelles et des événements récents. Cet fonds, 1908 ; Choses passées, Paris, 1913 ; A. Houtin, Un prêtre symboliste : Marcel Hébert, Paris, 1925 ; Une vie de prêtre : A/on expérience, Paris, 1926 ; R. Goût (protestant), L’affaire Tyrrell, Paris, 1910 ; Miss M. D. Petre, Autobiography and lifeof George Tyrrell, Londres, 1910 ; G. Tyrrell’s lelters, Londres, 1920 ; Fr. von Hiigel, Selected letters, avec notice biographique par B. Ilolland, Londres, 1927.

2. Témoins du dehors.

P. Sabatier, Les modernistes, Paris, 1909 ; A.-L. Lilley, Modernism. A record and review, Londres, 1908 ; G. Prezzolini, Il cattolicismo rosso, Naples, 1908 ; Cos'è il modernismo. Milan, 1908.

IL Thavaux. — 1° Études théologiques. — -Un groupe de théologiens, Le décret du Saint-Office, Paris, 1907 ;.1. I.ebreton, L’encyclique et la théologie moderniste, Paris, 1908 (ces deux travaux, augmentés d’une étude nouvelle sur le modernisme philosophique par A. Larges, forment l’article Modernisme, dans Dict. apolog., t. iii, col. 592-695) ; B. Gaudeau, Les erreurs du modernisme (conférences données à l’Institut catholique de Paris et publiées dans la Foi catholique, 1908-1910) ; Cardinal Mercier, Le modernisme, Bruxelles, 1908 ;.1. Bourchany, L. Périer et.1. Tixcront, Conférences apologétiques, Paris, 1910.

En langue étrangère peuvent être mis à profit : I"r. Heiner, Der ncue Syllabus Pins X, Mayence, 1907 ; A. Michelitsch, Der neue Syllabus (ou, suivant les indications plus complètes du titre intérieur, Der biblisch-dogmalische « Syllabus » Pius X. saml der Enzycklika gegen den Modernisants), Graz et Vienne, 1908 ; K. Rosa, L’enciclica « Pascendi » e il modernismo, Rome, 1909 ; J. Rickaby, The modernist, Londres, 1908 ; J. Godrycz, The doctrine of modernism and his réfutation, Philadelphie, 1908 ; A. Gisler, Der Modernismus, Kinsiedeln et Cologne, 1912 ;.1. Bessmer, Philosophie und Théologie des Modernismus, Fribourgen-B., 1912.

Études historiques.

 Toutes les revues de l'époque,

surtout après la promulgation des documents pontificaux, ont publié des chroniques du mouvement moderniste, mais généralement trop rapides pour être de valeur durable. Les travaux plus récents, qui prétendent au titre d’histoire, sont eux-mêmes forcément influencés par les convictions personnelles de leurs auteurs.

1. Chez les non-catholiques.

K.Holl, 7Jcr Modernismus, Tubingue, 1908 ; J. Kubel, Geschichte des katholischen Modernismus, Tubingue, 1909 ; A. Houtin, Histoire du