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Page:Alhaiza, Cybèle, voyage extraordinaire dans l'avenir, Georges Carré, 1904.djvu/197

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CYBÈLE

malheureux la période la plus douce de leur vie, au milieu d’une paix, d’une sécurité et d’un bien-être qu’ils n’avaient pas encore connus. Une existence qui s’y éteignait tout doucement. La sortie comme l’entrée de la vie n’était plus une souffrance, et la perspective même d’une mort prochaine n’ôtait rien aux douceurs du présent, un présent qui après tout pouvait longtemps durer, car quel âge, si avancé soit-il, ne peut raisonnablement se voir encore une dizaine d’années d’avenir ? Et dix ans de paix et de vie heureuse, c’est bien quelque chose.

Il faut dire aussi qu’à la vie matérielle assurée et améliorée venait s’ajouter un état d’esprit tout nouveau, une sérénité d’âme libre de tout souci d’intérêt, une élévation de pensée pressentant déjà la prochaine libération de ce qu’il y a en l’homme d’immatériel, une dignité de conduite et d’attitude qui montrait la vieillesse sous son plus bel aspect et qui récompensait la société d’assurer et d’honorer ainsi les dernières années d’existence de ses vieillards.

Quant à ceux qui étaient à leur rang de combat dans la vie active, la lutte pour l’existence n’était plus pour eux la guerre sans merci des temps barbares où la société ne représentait guère qu’un hasardeux assemblage d’individualités en conflit réci-