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LES AVENTURIERS DE LA MER


L’incendie du vaisseau hollandais le Niewe-Hoorn — la Nouvelle-Hoorn — près du détroit de la Sonde, dans la mer des Indes orientales (1619), est un des plus dramatiques parmi ceux dont on connaît les détails ; il est célèbre aussi par les aventures de son capitaine Guillaume Bentékoé.

L’incendie et le naufrage du vaisseau français le Prince (26 juillet 1752) est connu par la relation du lieutenant de vaisseau Lafond. Ce navire avait quitté le port de Lorient depuis six semaines, lorsque vers midi un homme annonça que la fumée sortait du panneau de la grande écoutille.

À cette nouvelle, le premier lieutenant, chargé des clefs de la cale, en fit ouvrir toutes les écoutilles pour découvrir la cause d’un accident dont les plus légers soupçons font toujours trembler les plus intrépides. Le capitaine, qui était à table dans la grande chambre, se présenta sur le gaillard et donna ses ordres pour étouffer le feu. Tout le monde était occupé à jeter de l’eau ; on fit usage de toutes les pompes, dont on dirigeait les manches dans la cale.

Cependant la rapidité de l’incendie rendait ces moyens inutiles et augmentait la consternation. Le capitaine avait fait mettre la yole à la mer, uniquement parce qu’elle embarrassait. Quatre hommes et un maître s’en emparèrent. Ils n’avaient pas d’avirons et trois matelots se jetèrent à la mer pour leur en porter. On voulait faire revenir ces heureux fugitifs ; ils crièrent qu’ils n’avaient pas de gouvernail et qu’on devait leur lancer une amarre ; mais, apercevant les progrès de l’incendie, ils nagèrent pour s’éloigner, et le vaisseau qui avait un peu d’erre les dépassa.

On travaillait avec ardeur à bord ; l’impossibilité de se sauver semblait augmenter le courage. Le maître d’équipage ne craignit pas de descendre dans la cale, mais la chaleur extrême le força de remonter ; il aurait même été brûlé si on n’eût jeté sur lui une grande quantité d’eau. Aussitôt après, on vit les flammes sortir avec impétuosité du grand panneau. Le capitaine ordonna de mettre les embarcations à la mer ; mais cette opération ne réussit pas.

On fit mettre la barre à tribord ; le vaisseau arriva, et cette manœuvre préserva quelque temps le vaisseau de ce côté, pendant que l’incendie ravageait le côté de bâbord, de l’avant à l’arrière.

« Le cœur serré d’angoisse, dit le lieutenant Lafond, je détourne mes regards de la mer ; de la galerie de tribord où je me tenais, je vois le feu sortir avec un bruit épouvantable par les fenêtres de la grande cham-