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Page:Améro - Les aventuriers de la mer.pdf/155

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LES AVENTURIERS DE LA MER


Le surplus de l’équipage fut embarqué dans les canots de l’aviso et prit la mer, avec ordre d’atteindre la côte d’Australie et, s’il avait le bonheur d’atteindre cette côte, de remonter jusqu’au détroit de Torrès où l’on avait la chance de rencontrer quelque navire — si l’on évitait de tomber aux mains des anthropophages qui habitent les terres voisines de ce détroit.

L’enseigne de vaisseau Magdelaine eut la direction de cette aventureuse expédition. Son personnel se composait de trente-cinq personnes, réparties ainsi qu’il suit : quinze hommes avec lui, dans le grand canot ; l’enseigne de vaisseau, Augey-Dufresse, dans le canot major, avec neuf hommes ; le maître d’équipage, avec neuf hommes dans la baleinière. Malheureusement ces canots, d’une très faible dimension, bien que peu encombrés de vivres et d’effets, se trouvaient beaucoup trop chargés pour affronter une grosse mer.

On partit le 25 août dans l’après-midi, et tout de suite on se trouva en pleine mer de Corail, embarquant l’eau à chaque lame.

L’enseigne Magdelaine dirigea sa route sur le cap Tribulation, ayant l’avantage d’être à la fois le point le plus rapproché de la côte, et de pouvoir être aperçu de loin. La navigation augmentait de difficultés par l’obligation de maintenir toujours en vue les trois embarcations.

Le 27, la mer grossit tout à coup d’une manière des plus inquiétantes. Il fallut jeter à la mer tout ce qui n’était pas d’une nécessité absolue. Vers midi, pendant que M. Magdelaine prenait la hauteur méridienne, il se sentit enlever par une lame énorme, et quand il reparut sur l’eau, il était à plus de vingt-cinq brasses de son canot, voyant flotter autour de lui des barils et des caisses contenant les vivres. Il crut tout perdu. Mais la baleinière, qui était restée en arrière, vint le tirer de cette situation. En même temps, le patron de son canot, le quartier-maître Laury, aidé d’un matelot nommé Burel, ne perdant pas un moment leur présence d’esprit, sautent, l’un à la barre, l’autre à la voile, qu’ils amènent, arment un aviron et réussissent à mettre le canot debout à la lame. Les autres hommes se mettent résolument à vider l’eau qui avait rempli le canot jusqu’au bord.

Le 30 au soir, on atterrit sur le cap Tribulation, — le cinquième jour depuis le départ ; c’était déjà un grand résultat atteint, mais il restait encore beaucoup à faire, surtout à cause de l’hostilité bien connue des populations du littoral australien et des îles de la mer de Corail. Le canot-major, qui était en avant, signala un récif à fleur d’eau, dont les