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Page:Améro - Les aventuriers de la mer.pdf/169

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LES AVENTURIERS DE LA MER


navire en détresse, en dépassant le navire, et autant que possible entre ses mâts du milieu, une ligne ou cordelette suffisamment résistante. On se sert pour cela d’un projectile ou d’une fusée qui entraîne cette mince corde sans la rompre. En Angleterre, en Danemark, en Allemagne, aux États-Unis on emploie généralement dans ce but des fusées d’un assez fort calibre, qui se tirent sur un chevalet. En France, on leur préfère les flèches de l’invention de M. Delvigne : ce sont des baguettes de bois ou de métal qui, suivant leur poids et leurs dimensions, sont lancées par des bouches à feu spéciales, par des fusils de rempart, par des fusils ordinaires ou de simples mousquetons. L’extrémité de la ligne est conservée par ceux qui l’envoient au large, et à cette extrémité est fixée une corde sans fin passée dans une poulie que l’équipage hâle à bord et attache dans la mâture, si la mâture existe encore, sinon dans une partie élevée du navire. À l’aide de cette seconde corde, on envoie du rivage un cordage plus résistant, solidement fixé à son tour un peu au-dessus de la poulie, et le long de laquelle glisse une bague entraînant une espèce de panier. Le plus difficile est fait. Dès que la communication avec la terre est établie, les gens qu’il s’agit de sauver prennent place un à un dans ce panier, qui laisse passer les pieds, et il est amené au moyen d’une corde semblable manœuvrée par les sauveteurs.

On conçoit les difficultés que présentent ces diverses opérations, surtout la nuit, lorsque le vent souffle avec violence, qu’une mer démontée disloque et démolit le navire pièce à pièce, et que les naufragés, harassés, transis de froid, plus ou moins démoralisés, ne peuvent qu’à grand’peine exécuter les mouvements nécessaires pour rendre efficaces les secours qu’on leur envoie. Malgré cela, les porte-amarres sauvent beaucoup de marins ; mais ils ne peuvent être utilisés qu’à la condition que le naufrage n’ait pas lieu à plus de deux cents mètres du rivage : au-delà, il serait impossible de donner à une amarre une tension telle que les naufragés, glissant suspendus à cette amarre, ne fussent pas exposés à être submergés pendant le trajet.

Les bateaux de sauvetage peuvent au contraire remplir leur objet lorsque les navires périssent en vue de la côte et à une assez grande distance. Ces embarcations reçoivent ordinairement la forme d’une baleinière ; c’est la forme que l’expérience a fait reconnaître la meilleure. Leur longueur varie de six à onze mètres. Au point de vue de la construction, elles se distinguent de toutes les autres embarcations