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Page:Améro - Les aventuriers de la mer.pdf/171

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LES AVENTURIERS DE LA MER


Par leur construction, les bateaux de sauvetage sont, on le voit, peu exposés à périr. Cela ne diminue en rien le mérite des braves marins qui les montent. Il faut leur tenir compte des nuits passées au dehors par les tempêtes d’hiver, quand les vêtements gelés se raidissent sur le corps, et de bien d’autres souffrances. Il y a aussi, malgré tout, des dénouements sinistres inévitables, comme la mort du patron Lecroisey et de son équipage : pour arriver plus vite, ils avaient déployé une voile : le canot chavira et la voile l’empêcha de se relever.

Quoi qu’il en soit, l’œuvre du sauvetage est entrée aujourd’hui dans le cœur des populations maritimes ; les pêcheurs ont une confiance absolue dans les canots de construction spéciale ; jamais ils n’hésitent à s’élancer sur la mer au milieu des plus affreuses tourmentes.

C’est à l’imitation des Anglais, nous l’avons dit, que notre grande Société de sauvetage a jeté les bases de son établissement. L’Angleterre ayant un très grand développement de côtes, devait nous précéder dans cette institution. Le premier Life boat y fut construit en 1789. Un carrossier de Long Acre, du nom de Lionel Lukin, en avait conçu le plan quatre années auparavant, et avait été encouragé dans ses essais par le prince de Galles, depuis Georges IV. Des sociétés s’organisèrent rapidement sous l’impression douloureuse du naufrage de l’Adventure, qui eut lieu en vue du rivage devant mille témoins impuissants à arracher à la mort les infortunés qui périssaient sous leurs yeux. Ces sociétés se fondirent plus tard en une Société générale créée en 1824, et devenue bientôt fort riche, grâce aux legs nombreux qu’elle reçoit et aux cotisations de ses membres. Un seul de ces legs représente la somme de deux-cent cinquante mille francs. Nous n’étonnerons personne en disant que les stations du littoral des îles britanniques et autres possessions anglaises, sont quatre fois aussi nombreuses que nos stations.

La plupart des nations maritimes ont suivi l’exemple donné par l’Angleterre d’abord et ensuite par la France ; et c’est un spectacle plein d’enseignement que cette œuvre permanente de protection de l’homme par l’homme, cette lutte ouverte contre les forces aveugles de la nature au profit de l’humanité.

Voilà ce qui a été fait pour le sauvetage des marins de tous les pays. En présence de tant d’énergie déployée, de tant de dévouement acquis, diverses mesures ont été prises à bord de nombreux navires pour diminuer les risques et périls de mer.

En Angleterre et aux États-Unis certains navires, et principalement