Aller au contenu

Page:Améro - Les aventuriers de la mer.pdf/183

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
180
LES AVENTURIERS DE LA MER


des sept pilotes dunkerquois qui se distinguèrent par le sauvetage du sloop la Félicité. On ne parvenait point à énumérer ses pilotages heureux malgré les plus difficiles complications. À chaque instant des traits d’audace inconnus étaient révélés par quelqu’un de ses loyaux camarades.

« Alors que toute la population suivait le convoi de ces trois marins, si nul ne parvint à compter les équipages et les navires sauvés par leurs valeureux efforts, on put encore bien moins dire le nombre des mères qui, grâce à eux, n’avaient point eu la douleur de perdre leur fils. Le lendemain dix jeunes matelots se présentèrent pour être inscrits comme apprentis pilotes. Ainsi se recrute l’armée des sauveteurs. »

Dans son Voyage au Cap, Sparrmann a noté la courageuse action d’un sauveteur improvisé. Le navire en détresse était un navire hollandais, le Yong-Thomas. Quoiqu’il fût « fort près du bord et qu’on entendit très distinctement les cris de détresse, les lames étaient si grosses et se brisaient contre le navire et contre le rivage avec tant de violence, qu’il était impossible aux hommes de se sauver dans les canots, et plus dangereux encore de se sauver à la nage. Quelques-uns des malheureux qui prirent ce dernier parti furent lancés et poussés contre les rochers. D’autres, ayant atteint le rivage et près du salut, furent entraînés et submergés par une autre vague. Un des gardes de la ménagerie de la Compagnie qui, dès le point du jour, allait à cheval hors la ville, porter le déjeuner de son fils, caporal de la garnison, se trouva spectateur du désastre de ces infortunés. À cette vue, il est touché d’une pitié si noble et si active, que se tenant ferme sur son cheval, plein de cœur et de feu, il s’élance avec lui à la nage, parvient jusqu’au navire, encourage quelques-uns des marins à tenir ferme un bout de corde qu’il leur jette, quelques autres à s’attacher à la queue du cheval, revient ensuite à la nage, et les amène tous vivants au rivage. L’animal était excellent nageur. Sa haute stature, la force et la fermeté de ses muscles, triomphèrent de la violence des coups de mer.

« Mais le brave et héroïque vétéran fut lui-même victime de sa générosité. Il avait déjà sauvé quatorze naufragés ; après le septième tour, pendant qu’il restait à terre un peu plus de temps, pour respirer et faire reposer son cheval, les malheureux qui étaient encore sur le navire crurent qu’il n’avait plus l’intention de revenir. Ils redoublèrent leurs prières et leurs cris. Le sauveteur fut ému ; il retourna à leur secours avant que son cheval fût suffisamment reposé. Alors un trop grand