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Page:Améro - Les aventuriers de la mer.pdf/184

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LES AVENTURIERS DE LA MER


nombre de naufragés voulurent se sauver à la fois, et l’un d’eux, à ce qu’on croit, s’étant attaché à la bride du cheval, lui tirait la tête sous le cou : le pauvre animal, déjà épuisé, succomba sous la charge, entraînant la perte de son maître. »

Un sauvetage dans des conditions presque identiques fut accompli par une Anglaise de la colonie australienne. Voici les faits :

Dans le courant de janvier 1877, le steamer Georgette fut jeté à la côte près de Perth, dans l’Australie occidentale. Un canot fut mis à la mer pour opérer le sauvetage. Mais la houle était si forte que, dès les premiers coups de rame, ce canot chavira. Les hommes qui le montaient mirent une heure pour le remettre à flot et retourner au navire. On s’y munit d’une amarre et prenant cette fois plusieurs femmes et des enfants, le canot essaya de gagner le rivage ; mais roulé par le ressac, il se remplit, et tous ceux qu’il avait à son bord se débattaient dans l’eau en grand danger de périr, lorsque apparut sur le rivage une jeune amazone. Il semblait impossible de descendre à cheval la pente raide qui, du point où se tenait l’écuyère, menait à la mer. Mais miss Grâce Vernon Russell la descendit sans hésiter.

Elle lança sa monture au milieu des flots qui se brisaient sur les écueils, et réussit à atteindre le canot, auquel se cramponnaient, affolés, les femmes et les enfants. Elle prit le bout de l’amarre, et établit un va-et-vient qui lui permit, en multipliant ses voyages, de ramener à terre les femmes et les enfants et jusqu’au dernier homme. Après cet héroïque labeur, elle eut encore la force de galoper jusqu’à la maison de sa sœur, Mme Brokman, distante de douze milles, afin d’y chercher des secours.

Sa sœur, à la nouvelle du sinistre, monte à cheval à son tour et, munie de provisions, va les porter aux pauvres naufragés. Le lendemain on les conduisait à la maison de M. Brokman, à Busselton, où ils furent l’objet de soins empressés. Malheureusement Mme Brokman avait pris froid dans sa course vers le rivage, et elle mourut quelques jours après. La « Société royale humaine » décerna une de ses premières médailles à sa courageuse sœur.

À rapprocher ces faits de la belle conduite tenue par un matelot du trois-mâts anglais le Parangon, naufragé dans la Manche, en vue des phares d’Etaples, et du zèle montré dans cette circonstance par le gardien Ledoux, attaché à l’un de ces phares.

C’est le 14 septembre 1869 que périt le Parangon au milieu d’une bour-