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LES AVENTURIERS DE LA MER


diversités de formes et de lumières permettent de reconnaître en toute certitude la position des phares, et par suite celle des navires par rapport au littoral.

Déjà, aux siècles derniers, on construisit des phares importants. La tour de Cordouan à l’embouchure de la Gironde, qui s’élève sur un rocher couvert de trois mètres d’eau à haute mer, est encore citée parmi les plus beaux phares, grâce à ses proportions élégantes. Commencée en 1584, elle fut terminée en 1610. On cite aussi la tour de Gênes, à l’entrée du port de cette ville.

Mais les plus remarquables travaux de ce genre ont été exécutés de nos jours par les ingénieurs des ponts et chaussées. On leur doit le phare de Barfleur, sur la pointe de Gatteville dans la Manche. Bâti de 1829 à 1835, par l’ingénieur Delarue, il est tout en granit, et s’élève en forme de colonne au-dessus d’un soubassement rectangulaire et jusqu’à une hauteur de soixante-dix mètres. Le phare du cap la Hague, sur un îlot de rochers presque à fleur d’eau, au nord-est de Cherbourg, est une tour du même genre, construite aussi par Delarue, de 1835 à 1837.

Sur les côtes septentrionales de la Bretagne, plusieurs îles et roches éparses, Batz, le plateau de Triagoz, les Sept-Îles Bréhat, sont les témoins d’un littoral disparu. La partie de la côte qui a le mieux résisté au choc des vagues se termine à l’ouest de Bréhat par les redoutables « Épées de Tréguier », véritable jetée de cailloux que les vagues ont elles-mêmes construite et sur laquelle tant de navires sont venus se briser : elles guident aujourd’hui le navigateur, grâce au superbe phare des Héhaux de Bréhat, dressé sur l’un de leurs écueils.

Le rocher choisi par l’ingénieur pour sa construction se trouve à cinq kilomètres du cap le plus septentrional de la presqu’île bretonne. Il était submergé à mer haute, sauf quelques rares sommets que les flots ne couvrent pas, même dans les plus mauvais temps. L’ingénieur Reynaud ne mit pas moins de deux ans pour élever le phare (1836-1839), après une année d’études et de préparation. Sur l’un des écueils que la mer ne couvrait pas de ses eaux, on établit un abri pour cinquante ouvriers ; on y fixa, par des chaînes et des anneaux de fer scellés dans le roc, des appareils de construction ; à la marée basse, les ouvriers descendaient sur l’autre partie du rocher, et travaillaient aux fondations du phare, qui fut assis dans le roc même où avait été creusée une profonde rainure circulaire.

Lorsque la marée arrivait, les ouvriers regagnaient leur abri ; les