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LES AVENTURIERS DE LA MER


chargèrent à qui mieux mieux des méfaits les plus horribles. L’accusation appelait toute la rigueur des lois sur Lénard, Hoëlic, Thépaut, Carbuccia, Pierri et Tessier. En ce qui concernait les deux novices Chicot et Leclerc, le ministère public déclarait s’en rapporter aux appréciations des juges.

Nonobstant le réquisitoire du commissaire impérial, le charpentier Tessier et le mulâtre Pierri eurent le bonheur d’être acquittés, ainsi que les deux novices Leclerc et Julien Chicot.

Lénard, Carbuccia, Hoëlic et Thépaut, condamnés à mort, furent exécutés à Brest, le 11 octobre, à six heures du matin.

La contre-partie de ce célèbre drame maritime nous a été offerte en 1885 : cette fois c’est le capitaine qui se livre à des actes coupables. Au mois de février, on reçut la nouvelle des événements tragiques qui avaient ensanglanté le Wellington, trois-mâts barque anglais, parti du Havre le 20 janvier pour New-York, avec un chargement de barils vides.

Le navire se trouvait à environ 400 milles des Sorlingues, lorsque l’équipage se révolta, mais voici pourquoi : le capitaine Armstrong, en proie à une attaque de delirium tremens, avait tiré sur l’équipage et blessé deux hommes. On n’aurait pu se rendre maître de lui qu’en le tuant. Le second avait pris le commandement du bateau et fait route vers le port le plus proche des côtes d’Angleterre.

Il est certain que sous une influence fâcheuse, quelques hommes peuvent porter la terreur sur un navire, entraîner des gens faibles, les amener à commettre des violences : c’est l’histoire de toutes les révoltes à bord des navires. Ce qui paraît plus extraordinaire, c’est que deux ou trois forcenés puissent se faire redouter de tout un équipage, comme il est arrivé au commencement de janvier 1886, à bord du Franck-N.-Thayer.

Le 12 janvier, les habitants de l’île de Sainte-Hélène étaient mis en émoi par l’arrivée d’une embarcation non pontée, montée par dix-sept personnes ; le capitaine Clarke, sa femme et son fils et quatorze matelots du voilier américain le Franck-N.-Thayer. Le capitaine et quatre matelots étaient blessés, les autres dans un déplorable état. Depuis huit jours, ils avaient abandonné leur bâtiment incendié par deux Malais qu’on avait engagés à Manille. Ces Malais s’étaient rendus maîtres du navire pendant près de quarante-huit heures, après avoir tué cinq hommes, blessé le capitaine et plusieurs marins, et terrifié le reste de l’équipage.

Voici le récit de cet extraordinaire attentat : le Franck-N.-Thayer allait