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LES AVENTURIERS DE LA MER


la gorge traversée par un coup de mousquet que lui portèrent les assassins. Quoique blessé, il allait réussir à s’échapper, ce que voyant, les Taïtiens le rappelèrent, et lui promirent la vie sauve. Young, que les insulaires aimaient, fut également épargné. Quinttal et Mac-Coy purent se réfugier dans les montagnes.

Cinq des Européens sur neuf avaient péri dans cette journée. Le massacre des Anglais fut bientôt vengé par le meurtre des hommes de Taïti. Ce fut la dernière tragédie que vit s’accomplir l’île Pitcairn. Les survivants, paisibles possesseurs du sol, y fondèrent un établissement durable.

À la date du 3 octobre 1793, il ne restait dans l’île Pitcairn que quatre hommes blancs, dix femmes et quelques enfants. Edouard Young commença alors à écrire un journal, qui donne une idée de l’état de l’île et des occupations de ses habitants ; on les voit vivant dans une tranquillité parfaite, bâtissant leurs maisons, cultivant les terres, allant à la pêche. Le seul nuage, fut le mécontentement des femmes indigènes, qui se refusaient absolument à rendre les crânes des Européens assassinés par les Taïtiens, et s’opposaient à ce qu’on leur donnât la sépulture.

Adams et Young furent bientôt seuls en vie, des quinze hommes — blancs ou jaunes — débarqués à Pitcairn. Ces deux marins réglèrent avec beaucoup d’ordre la vie de famille. De l’union de Anglais et des femmes polynésiennes provenait une nouvelle génération remarquable par la beauté de ses formes, et qui grandit sous la direction bienfaisante de John Adams. Edouard Young mourut quelques années après.

En 1825, quarante ans après le révolte de la Bounty, l’île Pitcairn fut visitée par le capitaine Beechey, commandant du Blossom, et ayant appartenu à l’équipage du navire commandé par Bligh.

En ce moment l’établissement des colons comptait soixante-six personnes. Nous détachons les lignes suivantes de la relation du capitaine Beechey :

« L’intérêt qu’excita l’annonce que l’on apercevait du haut des mâts du Blossom l’île Pitcairn, amena tout le monde sur le pont, et donna lieu à une suite de réflexions qui accrurent l’envie que nous avions de communiquer le plus tôt possible avec ses habitants, de voir et de partager les plaisirs de leur petite société, et de connaître d’eux toutes les particularités relatives au sort de la Bounty ; mais l’approche de la nuit nous força de remettre au lendemain l’accomplissement de nos désirs.