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Page:Améro - Les aventuriers de la mer.pdf/241

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LES AVENTURIERS DE LA MER


Nous longeâmes alors le côté de l’île reconnu et sondé par le capitaine Carteret, avec l’espoir d’y mouiller ; dans cette position nous eûmes la satisfaction d’apercevoir un bateau à voile, se dirigeant sur nous. Au premier abord, l’équipement complet de cette embarcation nous fit douter qu’elle fut la propriété des insulaires, et nous en conclûmes qu’elle devait appartenir à l’un des bâtiments baleiniers de la côte opposée ; mais bientôt nous fûmes agréablement surpris par la singulière composition de son équipage. C’était le vieil Adams et tous les jeunes hommes de l’île. »

D’après la même relation, Adams était alors un homme de soixante-cinq ans, d’une force et d’une activité rares à cet âge. Il portait une chemise de matelot, une culotte, un chapeau bas de forme, qu’il tenait presque toujours à la main. Il conservait les manières d’un marin, inclinant la tête légèrement toutes les fois qu’un officier lui adressait la parole.

C’était la première fois que le vieux matelot se trouvait à bord d’un navire de guerre depuis la révolte de la Bounty, ce qui produisait chez lui un certain embarras, mais sans aucune appréhension pour sa sûreté personnelle, après les assurances de bons sentiments reçues par lui, tant du gouvernement britannique que de beaucoup d’autres personnes.

Les jeunes insulaires, au nombre de dix, étaient de haute taille, robustes et de bonne santé. L’apparence d’un bon naturel répandue sur toute leur personne leur avait procuré partout un accueil amical. Les pièces de leur costume provenant de présents faits par des capitaines et des équipages de bâtiments marchands, formaient un ensemble bariolé. Quelques-uns ne portaient pour tout vêtement qu’une chemise, d’autres rien qu’un gilet ; aucun d’eux n’avait de souliers ni de bas, deux seulement possédaient un chapeau.

L’accroissement de la population de l’île commençait à dépasser les ressources du sol ; le manque d’eau même devenait sensible. En 1830, le gouvernement anglais, pour satisfaire au désir des colons, les fit transporter à Taïti. La reine de ces îles leur accorda des concessions de terres ; mais ils ne purent s’habituer à leur nouveau séjour. Il fut permis à quelques-uns de retourner à Pitcairn, où, en 1841, la population comptait cent douze personnes. Enfin, en 1852, ces insulaires obtinrent encore de la reine Victoria la faveur d’être transportés à l’île Norfolk, petite île située entre la Nouvelle-Galles du Sud et la Nouvelle-Calé-