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Page:Améro - Les aventuriers de la mer.pdf/242

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LES AVENTURIERS DE LA MER


donie, pas plus grande que l’île Pitcairn, mais bien plus fertile, et ayant autrefois servi de lieu de déportation pour les convicts récidivistes de Botany-Bay.

John Adams était mort en 1829.

Nous arrivons aux Robinsons de l’île Juan-Fernandez : car il y en eut plusieurs successivement, dans ce lieu prédestiné, voisin des côtes américaines de la mer du Sud.

Lorsque le navigateur Juan Fernandez obtint du gouvernement espagnol la concession des îles qu’il venait de découvrir, à l’ouest du Chili, il établit dans une des îles qui ont conservé son nom, une colonie qui aurait pu y prospérer ; mais le désir de revoir leur patrie eut bientôt dispersé les nouveaux colons ; ils partirent, abandonnant quelques chèvres, qui se multiplièrent, et dont on voit encore aujourd’hui de nombreux troupeaux.

Quelques années plus tard, un navire périt sur les côtes de cette même île ; un seul marin échappa au naufrage. Ce malheureux attendit cinq années sa délivrance. Après lui, l’île principale du groupe Juan-Fernande n’eut encore successivement quelques habitants, les uns exilés volontaires, les autres jetés par la tempête sur ce rivage hospitalier.

Enfin, vers l’année 1704, un nouvel hôte lui vint, qui devait lui donner dans l’avenir une incomparable célébrité, un marin écossais nommé Alexandre Selkirk, qui a fourni le modèle du Robinson Crusoé, de Daniel de Foë, et servi de type à la nombreuse et attrayante famille des Robinsons.

Alexandre Selkirk, natif de Largo, dans le comté de Fife, était maître d’équipage à bord du Cinque-Ports, commandé par le capitaine Stradling. Voué à la mer dès son enfance, Selkirk, selon les uns, était d’un caractère violent et d’un esprit enclin à l’insubordination. Il désertait, changeait de nom, passait d’un navire à l’autre, battait ses camarades et se rendait insupportable à ses chefs. Au rapport de quelques autres qui semblent l’avoir connu, c’était au contraire un jeune homme grave, réfléchi, mélancolique, et même porté au mysticisme.

Ce qui n’est pas douteux, c’est que, s’étant pris de querelle avec son capitaine, il se sentit saisi d’un profond dégoût de la vie, et demanda à être abandonné sur l’île de Juan-Fernandez. La relâche du Cinque-Ports dura plusieurs jours, pendant lesquels Selkirk eut le temps de se livrer à de sages réflexions. Il fit donc sa soumission et demanda à rentrer en grâce ; mais le capitaine Stradling, homme dur et sévère,