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LES AVENTURIERS DE LA MER


mèrent. Un mousse nommé Narcisse Pelletier, — dont nous avons raconté les aventures extraordinaires, — et un novice échappèrent au carnage en entrant dans la mer pour gagner l’îlot.

Les Papouas les poursuivirent, et Pelletier, blessé à la tête par une pierre, fut sauvé par son capitaine, revenu vers l’île, et qui le recueillit dans son embarcation, ainsi que le novice.

Les naturels tentèrent de passer dans l’îlot pour y continuer leur œuvre de mort. Ils s’avançaient par grandes masses dans leurs pirogues ou à la nage. Il fallut pour les tenir à distance leur tirer des coups de fusil, ce qui ne fut possible qu’en démontant les cheminées des fusils et en produisant l’explosion avec un tison enflammé : un homme mettait l’arme en joue, un autre y portait le feu.

Le lendemain, le capitaine Pinard se décida à prendre la mer avec les onze marins qui lui restaient, pour tâcher d’atteindre l’établissement anglais le plus proche, promettant d’envoyer aussitôt un navire qui ramènerait à Sydney les Chinois qu’il allait abandonner. Il leur laissa presque tous les vivres, — ce qui était à peine suffisant pour une semaine ; il n’emporta qu’une douzaine de boîtes de conserves et ce que pouvaient contenir d’eau trois paires de bottes de mer. Les fusils et les munitions restaient aussi entre les mains des Chinois.

Le capitaine Pinard et ses compagnons entreprenaient un voyage de trois cents lieues dans une embarcation de médiocre grandeur. Après douze jours d’épreuves, ils prirent terre en vue du cap Flattery, sur la côte australienne.

Ils y trouvèrent des fruits, des coquillages et de l’eau. Les jours suivants, l’embarcation longea le littoral en descendant vers le sud. Chaque soir, on cherchait un refuge dans un des îlots dont ces parages sont semés ; l’eau faisait défaut. Cependant le capitaine Pinard et ses hommes n’osaient pas aborder le continent ; mais la soif l’emporta sur la crainte des sauvages. On alla à la recherche de l’eau ; on en trouva un peu.

Au retour, le petit mousse Narcisse manqua à l’appel : il avait été laissé par quelques matelots, — on peut dire abandonné, — près de la source tarie. On l’appela, on le chercha — mal sans doute ; ce fut en vain.

Le jour suivant, un matelot mourut d’épuisement.

Mais il fallut renoncer à se diriger vers le sud ; la persistance des vents contraires engagea les naufragés à remonter vers le détroit de Torrès, pour passer ce détroit et se rendre à Timor.