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LES AVENTURIERS DE LA MER

découverte de ces trois tombes, demeurée mémorable, on eut la certitude que l’expédition de l’intrépide explorateur avait passé, en 1845, son premier hiver dans les régions polaires.

Il y a des hivernages au pôle nord qui sont demeurés célèbres dans les fastes maritimes. Tel est au seizième siècle l’hivernage de Guillaume Barensz et de ses compagnons sur la côte orientale de la Nouvelle-Zemble, marqué par la mort du pilote hollandais. Tel est encore l’hivernage volontaire de sept marins hollandais à l’île de Jean-de-Mayen (1633). Ces hommes courageux s’étaient chargés d’y faire des observations destinées à éclairer la Compagnie hollandaise du Groenland : ils moururent les uns après les autres.

La même flotte qui avait déposé sept marins à Jean-de-Mayen, déposa sept de leurs camarades, tout aussi courageux — ou téméraires — au Spitzberg. Ils subirent victorieusement l’épreuve et furent délivrés de leur prison de glace au mois de mai suivant. Sept autres Hollandais, encouragés par ce dernier essai, s’offrirent de passer l’hiver de la même année en cet endroit du Spitzberg. Ceux-là périrent tous : quand leurs compatriotes vinrent, en 1635, les relever de leur périlleux hivernage, ils ne trouvèrent que des cadavres. On sut par leur journal que les plus vigoureux avaient vécu jusque vers le 26 février. À cette date, quatre de ces marins, « couchés à terre, conservaient assez d’appétit pour pouvoir manger, si l’un d’eux avait eu la force de donner de la nourriture aux autres ».

En 1743, quatre ou cinq pêcheurs du gouvernement d’Arkangel, partis sur un baleinier, se trouvèrent séparés de leur navire, et parvinrent à passer plus de six années au Spitzberg, avant d’être secourus. Un seul d’entre eux mourut.

En 1777, plusieurs navires hollandais qui pêchaient la baleine non loin des côtes du Groenland, furent écrasés dans les glaces, et leurs équipages durent, en plein hiver, gagner les établissements danois du littoral. Les naufragés étaient au nombre de quatre cent cinquante ; environ cent quarante revirent leur patrie.

Les aventures de marins obligés d’abandonner leurs navires dans les glaces de la région polaire sont nombreuses, et le plus souvent navrantes. Nous en rappellerons quelques-unes.

Le voyage de l’exploration des côtes septentrionales de la Sibérie, entrepris en 1862 par le lieutenant Krusenstern, de la marine russe, ayant sous ses ordres le Yermak et l’Embrio, donna lieu à des prodiges