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Page:Amable Floquet - Histoire du privilege de saint Romain vol 1, Le Grand, 1833.djvu/183

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devoit estre ramené à conséquence ne préjudicier aux autres. »

Lemire insista. Jeanne Corvière ne pouvait, disait-il, attaquer aujourd’hui le privilège de la fierte, qu’elle avait accepté (c’est-à-dire reconnu) le jour de l’Ascension 1431, en demandant pardon à la confrérie de Saint-Romain, et en se désistant de son haro. Le croira-t-on, ce procès, commencé en 1430 ou 1431, se prolongea huit ans, et ce fut seulement le 17 décembre 1439 qu’intervint la sentence de l’échiquier, qui encore ne le termina pas entièrement. Lemire fut condamné à payer à Jeanne Corvière, en réparation des violences exercées sur elle, la somme de deux cent cinquante livres tournois, et à tenir prison jusques à plain paiement et satisfaction d’icelle somme. L’échiquier sursit à prononcer sur le chef des injures plaidées contre Jeanne Corvière, et pour cause, dit la sentence[1].

Il paraît tout simple que le criminel gracié, à quelque titre qu’il le soit, n’en demeure pas moins tenu d’indemniser ceux que son crime a préjudiciés. Après que l’offense publique est pardonnée et la

  1. Tous les détails que l’on vient de lire sont pris dans une expédition en forme authentique, sur parchemin, de l’arrêt du 17 décembre 1439, expédition délivrée dans le tems même, et revêtue du sceau, fort bien conservé, de Henri VI, roi de France et d’Angleterre, au nom duquel l’arrêt avait été rendu. Sur le verso de cette charte, on lit ces mots, écrits aussi à cette époque : « Qualiter privilegium sancti Romani non tollit satisfactionem civilem parti lese faciendam. »