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Page:Anatole France - Sur la pierre blanche.djvu/116

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pense encore aux aruspices ? Qui respecte les augures ? Qui révère Mavors et les Jumeaux divins ? O triste abandon des devoirs religieux ! L’Italie a répudié ses dieux indigètes et ses génies tutélaires. Elle est désormais ouverte de toutes parts aux superstitions étrangères et livrée sans défense à la foule impure des prêtres orientaux. Hélas ! Rome n’a-t-elle conquis le monde que pour être conquise par les Juifs ! Certes, les avertissements ne nous auront pas manqué. Les débordements du Tibre et la disette des grains ne sont pas des signes douteux de la colère divine. Chaque jour nous apporte quelque présage funeste. La terre tremble, le soleil se voile, la foudre éclate dans un ciel pur. Les prodiges succèdent aux prodiges. On a vu des oiseaux sinistres perchés au faîte du Capitole. Sur la rive étrusque, un bœuf a parlé. Des femmes ont enfanté des monstres ; une voix lamentable s’est élevée au milieu des jeux du théâtre. La