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Page:Anatole France - Sur la pierre blanche.djvu/188

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ne s’occupaient d’eux. Les dieux latins ne les plaignaient pas. C’étaient les dieux de leurs maîtres. Quand un dieu vint de Judée, qui écoutait les plaintes des humbles, les humbles l’adorèrent. Ainsi la religion d’Israël devint la religion du monde romain. Voilà ce que ni saint Paul ni Philon ne pouvaient expliquer au proconsul d’Achaïe, parce qu’ils ne le voyaient pas clairement. Et voilà ce que Gallion ne pouvait découvrir. Cependant il sentait que le règne de Jupiter était près de finir et il annonçait l’avénement d’un dieu meilleur. Par amour des antiquités nationales, il prenait ce dieu dans l’Olympe gréco-latin ; et il le choisissait du sang de Jupiter, par sentiment aristocratique. C’est de la sorte qu’il désigna Hercule au lieu de Iaveh.

— Pour le coup, dit Joséphin Leclerc, vous avouerez que Gallion se trompait.

— Moins que vous ne croyez, répondit Langelier en souriant. Iaveh ou Hercule, il