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Page:Anatole France - Sur la pierre blanche.djvu/189

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n’importait guère. Croyez-le bien : le fils d’Alcmène n’aurait pas gouverné le monde autrement que le père de Jésus. Tout olympien qu’il était, il lui aurait bien fallu devenir le dieu des esclaves et prendre l’esprit religieux des temps nouveaux. Les dieux se conforment exactement aux sentiments de leurs adorateurs : ils ont des raisons pour cela. Et faites-y attention. L’esprit qui favorisa l’avènement à Rome du dieu d’Israël n’était pas seulement l’esprit populaire, c’était aussi celui des philosophes. Ils étaient alors prévue tous stoïciens et croyaient à un dieu unique, auquel avait travaillé Platon et qui ne se rattachait par aucun lien de famille ni d’amitié aux dieux à forme humaine de la Grèce et de Rome. Ce dieu, par son infinité, ressemblait au dieu des Juifs. Sénèque et Épictète qui le vénéraient eussent été les premiers surpris de la ressemblance si on les avait mis en état de faire la comparaison. Pourtant ils avaient