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Page:Anatole France - Thaïs.djvu/282

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plus horribles j’ai toujours gardé l’espérance.

En entendant ces paroles, Paphnuce leva les yeux au ciel et murmura :

— Seigneur, cet homme souillé de tant de crimes, cet adultère, ce sacrilège, tu le regardes avec douceur, et tu te détournes de moi, qui ai toujours observé tes commandements ! Que ta justice est obscure, ô mon Dieu ! et que tes voies sont impénétrables !

Zozime étendit les bras :

— Regarde, père vénérable : on dirait des deux côtés de l’horizon, des files noires de fourmis émigrantes. Ce sont nos frères qui vont, comme nous, au-devant d’Antoine.

Quand ils parvinrent au lieu du rendez-vous ils découvrirent un spectacle magnifique. L’armée des religieux s’étendait sur trois rangs en un demi-cercle immense. Au premier rang se tenaient les anciens du désert, la crosse à la main, et leurs barbes pendaient jusqu’à terre. Les moines, gouvernés par les abbés Ephrem et Sérapion, ainsi que tous les cénobites du Nil, formaient la seconde ligne. Derrière eux apparaissaient les ascètes venus des rochers lointains. Les uns portaient sur leurs corps