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Page:Andersen - Contes pour les enfants, trad. Caralp, 1848.djvu/61

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LES CYGNES SAUVAGES.

elle, et personne ne songeait à lui apporter la moindre consolation.

Mais écoutez ! Ne voilà-t-il pas que vers le soir elle entend tout à coup, à travers les barreaux de fer de sa petite lucarne, le bruit produit par les ailes d’un cygne qui voltige ; c’était le plus jeune de ses frères qui la retrouvait enfin ! Elle pleura de joie, encore bien qu’il n’y eût pas à douter que ce ne fût la dernière nuit qu’elle eût à vivre. Mais comme elle se sentait heureuse de savoir que sa tâche était à peu près terminée, et que ses frères étaient là ! Le chancelier se présenta, suivant la promesse qu’il avait faite au roi, pour lui demander si elle n’avait pas d’aveux à faire. Elle se borna à lui répondre par un signe négatif de la tête, en même temps que du geste et du regard elle l’invitait à s’éloigner. C’était en effet dans cette nuit suprême qu’elle devait achever sa besogne, sans quoi ses chagrins, ses larmes, son silence et ses longues nuits sans sommeil, tout cela resterait inutile. Le chancelier s’éloigna en proférant des paroles de dépit et de colère : mais la pauvre Elfride savait qu’elle était inno-