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Page:Andry - L’Orthopédie, tome II.djvu/156

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5o. Lévres béantes.

Il y a des gens qui par habitude, ont continuellement les lévres ouvertes ; comme ce Prince, qui, étant un jour à sa chasse par une grosse pluye, se plaignoit à ses Officiers, qu’il lui pleuvoit dans la bouche, & qui s’attira pour réponse, qu’il n’avoit qu’à la fermer. Avis qu’il eut bien de la peine à suivre, tant il avoit contracté l’habitude du contraire. Les enfans ont sans cesse les doigts dans la bouche, & la tiennent presque toujours ouverte, ce qui fait que la coutume s’en contracte de bonne heure ; ensorte qu’il n’est pas étonnant que dans la suite ils la conservent, si des parens ne sont vigilans à la prévenir. Au reste, l’habitude n’est pas toujours ici à accuser, souvent le caractere des personnes contribuë beaucoup à la difformité dont nous parlons. Il est certaines gens à qui la seule vûë des objets qui les environnent, fait ouvrir la bouche, comme si c’étoit la première fois de leur vie, qu’ils vissent quelque chose. Gens stupides en qui l’on ne remarque, pour ainsi dire, que la premiere apprehension de l’ame, ils ont toujours les lévres