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Page:Anicet, Ponson du Terrail, Blum - Rocambole-IA.djvu/14

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plus tard, elle s’établissait en Irlande dans une petite ferme achetée par mes soins.

ANDRÉA.

On dut s’étonner de ne retrouver dans les ruines aucune trace de…

LE COMTE.

En effet ; mais personne pourtant ne douta de la mort de l’enfant, et la mère a pleuré vingt-trois ans son fils… Pauvre femme !… (Il s’arrête.)

ANDRÉA.

Qu’avez-vous, monsieur ?…

LE COMTE, se remettant.

Rien… je continue… J’avais résolu de dénaturer ma fortune, je vendis tout ce que je possédais ; je réalisai ainsi une somme considérable que je voulais pouvoir anéantir en une minute, si, par une trahison de la paysanne, celui que j’avais condamné a s’ignorer toujours, avait su le secret de sa naissance et était venu revendiquer ses droits…

ANDRÉA.

Vous avez ainsi gardé chez vous toute une fortune ?… C’était une grande imprudence…

LE COMTE.

En province, je ne craignais rien pour mon argent. Quand, à la mort de la comtesse, je me décidai à venir habiter Paris, je déposai cet argent à la Banque…

ANDRÉA, à part.

Ah ! diable !… Il sera difficile d’aller le chercher là… (Haut.) Et à qui destinez-vous cette fortune ?

LE COMTE.

À mon fils…

ANDRÉA.

Ah ! je ne comprends plus…

LE COMTE.

Il y a huit jours, j’ai reçu une lettre du duc de Sallandrera ; cette lettre m’apprenait que Marianne, la nourrice, bourrelée de remords, était venue lui avouer qu’obéissant à mes ordres, elle avait elle-même mis le feu à sa chaumière, et qu’avec une petite pension que je lui envoyais en Irlande, elle avait élevé le jeune Armand : qu’il était devenu beau comme sa mère. Fidèle aux instructions que je lui avais données, elle avait laissé ignorer à Armand le nom de son père. Armand s’était adonné aux arts, à la peinture surtout ; il avait voulu voyager, et sa dernière lettre à Marianne était datée de Madras. Marianne ne voulait pas emporter dans la